Un voyage entre histoire et nature
La baie du Mont Saint-Michel, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’étend sur 40 000 hectares et forme un grand espace situé entre la Bretagne et le Cotentin. Elle est délimitée à l’est par les imposantes falaises de Champeaux et les hauteurs d’Avranches, tandis qu’au sud, elle est bordée par les terres cultivées des polders, le massif de Saint Broladre, et le marais de Dol de Bretagne. À l’ouest, le paysage s’ouvre sur la ville de Cancale et la pointe du Grouin, deux points de repère bien connus des voyageurs.
Trois fleuves côtiers traversent ce territoire : le Couesnon, la Sée et la Sélune. Ils jouent un rôle essentiel dans la formation et l’évolution de la baie. Cet environnement dynamique est continuellement balayé par les vents et modelé par les courants et les marées. Cette interaction constante crée un paysage éphémère, plein de nuances et de surprises à chaque visite.
Ces éléments naturels confèrent à la baie du Mont Saint-Michel son caractère unique, attirant des touristes du monde entier pour admirer ses vastes étendues de sable, ses paysages maritimes, et ses écosystèmes diversifiés. Que vous soyez amateur de nature, d’histoire ou de photographie, la baie du Mont Saint-Michel vous promet une expérience inoubliable. Suivez le guide !
Le passé de la baie
Les Trois Monts
Au cœur de la baie du Mont Saint-Michel se trouvent trois formations rocheuses emblématiques, souvent baptisées « Les trois frères« . Ces monts ont émergé il y a environ 500 millions d’années, au cours de la première période de l’ère primaire, appelée Cambrienne. Ils sont issus du plissement hercynien, ce qui les rend contemporains du Massif central et du Massif armoricain.
Le Mont Saint Michel
Le plus connu des trois est le Mont Saint-Michel, qui culmine à 80 mètres d’altitude et a une circonférence de 980 mètres. Ce rocher imposant est devenu un lieu de pèlerinage et un site touristique majeur.
Le Mont Tombelaine
Le Mont Tomblaine, situé à 3 kilomètres au nord du Mont Saint-Michel, est le deuxième des trois frères. Avec ses 40 mètres d’altitude et son périmètre de 1200 mètres, il offre une vue panoramique unique sur la baie.
Le Mont Dol
Le Mont Dol, qui culmine à 65 mètres d’altitude, se distingue par sa composition granitique. Autrefois une île, il se trouve aujourd’hui dans les marais, témoignant des changements géologiques survenus au cours des siècles.
Ces trois monts, par leur histoire et leur géographie, jouent un rôle essentiel dans le passé de la Baie du Mont Saint-Michel. Ils contribuent au charme et à la singularité du lieu.
La formation de la baie
La formation de la baie du mont Saint-Michel a débuté il y a des milliers d’années, après la dernière période glaciaire, le Würm IV, qui s’est terminé vers 10 000 avant J.-C. À mesure que le climat se réchauffait, le niveau de la mer a commencé à augmenter, ce qui a entraîné un recul progressif des côtes et l’isolement graduel du mont Saint-Michel du continent.
Au début de notre ère, le littoral a continué de se transformer sous l’effet de la transgression marine. Cette montée du niveau de la mer a profondément remodelé le paysage. C’est durant cette période que la forêt de Scissy aurait disparu, selon une légende mentionnant un tsunami en 709. Les marées ont ensuite pris place au pied du massif de Saint Broladre, tandis que les villages proches du mont Saint-Michel se sont réfugiés sur les collines de l’ancien bord de mer.
L'ensablement
Depuis sa création, la baie du Mont Saint-Michel est soumise à un processus d’ensablement continu. À chaque pleine mer, en particulier lors des grandes marées, des quantités considérables de sable sont apportées par les flots. Elles sont estimées à environ un million de mètres cubes de sédiments chaque année. Ce phénomène naturel métamorphose progressivement le paysage de la baie.
L’enlisement aide à la prolifération des plantes halophiles, adaptées aux milieux salins, ce qui entraîne l’apparition de vasières herbues, également connus sous le nom de « prés salés« . Ces zones humides, riches en biodiversité, jouent un rôle essentiel dans l’écosystème de la baie.
Autrefois, ces plaines étaient recouvertes par la mer, mais elles sont maintenant principalement consacrées à l’agriculture, ce qui a transformé le panorama au fil du temps. L’ensablement représente un défi constant pour la conservation de la baie !
L'exploitation de la Baie
L’exploitation de la Baie du Mont Saint-Michel a débuté au XVIIIe siècle avec les premières tentatives d’endiguement, menées par l’entreprise Quinette de la Hague. Toutefois, ces efforts ont échoué face aux fleuves côtiers qui ont rapidement détruit les ouvrages. Au XIXe siècle, des aménagements plus réussis ont été réalisés au sud de la baie, mais ils ont entraîné une augmentation de l’ensablement et ont perturbé l’équilibre naturel de l’écosystème.
En 1856, la Compagnie des Polders de l’Ouest a obtenu l’autorisation de créer des polders au sud, dans l’ancienne anse de Moidrey. À l’époque, ces travaux ont été considérés comme un succès : la superficie est passée à 15 000 hectares en 1933, s’étendant jusqu’à un kilomètre du Mont Saint-Michel. Deux ans plus tard, en 1858, le Couesnon a été canalisé sur 5 600 mètres afin de protéger ces parcelles.
En 1878, les Ponts et Chaussées ont édifié une digue pour relier le mont Saint-Michel à la terre ferme. Elle a été achevée en 1879. Cette digue a arrêté la circulation des eaux, ce qui a aggravé l’accumulation de sédiments et accéléré l’ensablement de la baie. Cet aménagement a été vivement décrié parce qu’elle a brisé l’insularité du mont, défigurant ainsi le paysage et endommageant les remparts historiques.
Dans les années 1960, entre 1966 et 1969, un barrage a été construit à l’embouchure du Couesnon. Cet ouvrage a affaibli le fleuve, réduisant sa capacité à réguler le flux de sédiments et exacerbant le problème de l’ensablement.
Les critiques à l’encontre de la digue-route ont mené à plusieurs projets visant à restaurer l’écosystème fragile, prenant en compte la nécessité de protéger le Mont Saint-Michel tout en respectant son environnement unique. Ces efforts continus témoignent des défis liés à l’exploitation de la baie et du besoin constant d’équilibre entre développement et préservation.