Un Village fortifié au cœur de l'histoire
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Le village du mont Saint-Michel est une petite commune de Normandie, ancrée dans la baie du Mont-Saint-Michel. Il est associé à l’évolution de l’abbaye et à l’histoire de France. Il offre un voyage à travers les époques, depuis ses origines médiévales jusqu’à son rôle actuel en tant qu’un des sites les plus visités de France, inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Découvrez comment ce site, autrefois un simple lieu de pèlerinage, s’est transformé en une forteresse imprenable, en une prison, puis en un centre touristique mondialement reconnu.
Les origines du village
Le village de Saint-Pierre du mont Saint-Michel remonte au Moyen Âge. À cette époque, il était consacré à l’accueil des miquelots, c’est-à-dire des pèlerins qui se rendaient au Mont pour des raisons religieuses. Les premières habitations ont fait leur apparition vers le Xe siècle, avec l’église Saint-Pierre, qui est considérée comme étant la première du village. Situé à l’est, le bourg était constitué de quelques maisons en bois entourant cette église. Malheureusement, plusieurs incendies ont frappé en 1204, 1300, 1350, et 1374, conduisant à la reconstruction du village à la fin du XIVe siècle avec des maisons à pans de bois. La seule marque de cette période est la porte romane du couvent Sainte-Catherine.
Au XIIIe siècle, le village a été fortifié par l’abbé Richard Turstin, avec l’aide de Saint Louis, qui est venu en pèlerinage en 1256. Ces travaux de consolidation ont été complétés au XIVe siècle. Bien que le tracé exact des fortifications ne soit pas connu, les vestiges indiquent que l’entrée principale du bourg se trouvait près de l’église, avec une délimitation allant de la tour du Nord à l’échauguette de la Pillette. Ces défenses ont contribué à protéger le village au fil des époques et témoignent de l’importance stratégique et militaire du Mont-Saint-Michel.
Le village durant la guerre de cent ans
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Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453), le Mont-Saint-Michel est resté fidèle au roi de France et s’est transformé en citadelle résistant aux attaques anglaises. En 1356, les Anglais ont occupé l’île voisine du mont Tombelaine. L’abbé Turstin, qui dirigeait la garnison, a coordonné la défense avec le commandant Bertrand du Guesclin, capitaine de Pontorson.
À la fin du XIVème siècle, le village était déjà bien établi avec un groupe dense de maisons autour de l’église, ainsi qu’un faubourg s’étendant du Sud jusqu’à la grève. L’emplacement du Mont Saint-Michel au milieu des sables mouvants rendait l’accès difficile, ce qui compliquait l’utilisation de machines lourdes de guerre et de gros navires.
En 1417, l’abbé Robert Jolivet fit ériger des remparts allant de l’ancienne tour du Nord jusqu’à la partie basse du village, avec des courtines et des tours reliées par un chemin de ronde. En 1424, le Mont Saint-Michel était isolé; cependant, un an plus tard, les Malouins réussirent à chasser 20 nefs anglaises et à ravitailler le Mont par la mer grâce à de petites embarcations.
À cette époque, la garnison comptait alors 119 chevaliers, des écuyers et des gens d’armes. En 1434, la force militaire menée par Louis d’Estouteville repoussa la plus grande troupe anglaise qui avait tenté de prendre l’île. Les deux bombardes se trouvant à l’entrée du village rappellent cet exploit, où les Anglais perdirent leur capitaine et abandonnèrent le combat.
En 1435, de nouveaux travaux de fortification furent entrepris, avec l’ajout de la porte du Roi, dotée d’une herse et d’un pont-levis, confortée dix ans plus tard par une barbacane. L’église abbatiale fut également rebâtie en 1440, indiquant une période de reconstruction après les attaques répétées. Ces mesures ont assuré la protection du village et contribué à son développement malgré les bataille
Le village au temps des rois
Après la bataille de Formigny en 1450, la guerre de Cent Ans s’achève et le village du mont Saint-Michel connaît un nouvel essor économique. Cette période de stabilité octroie aux travaux de fortification du Mont de se poursuivre. En 1480, la tour Boucle est construite au sud-est du site, renforçant ainsi sa défense.
Au XVIe siècle, sous la supervision du lieutenant Gabriel du Puy, des ouvrages significatifs sont ajoutés, tels que la cour de l’Avancée et le corps de garde des Bourgeois. Ces constructions robustes et stratégiques ont permis au Mont Saint-Michel de résister aux guerres de religion face aux huguenots.
Au milieu du XVIIe siècle, le village comptait environ 250 habitants.
Cependant, au XVIIIe siècle, le bourg connaît un déclin. À cette époque, le désintérêt tactique et militaire du Mont et la réduction du pèlerinage entraînent une baisse de l’entretien des fortifications et du village, ce qui mène à de la négligence. Les enceintes sont percées, et de nombreux résidents partent, marquant une période difficile pour le Mont Saint-Michel.
D’un empire à un autre
En 1790, le bourg du mont Saint-Michel est devenu une commune, témoignant d’un tournant majeur dans son histoire. À cette période, les religieux ont quitté le lieu et un arbre de la liberté a été planté au sommet de la tour Boucle, symbole des changements apportés par la Révolution française. Les troupes militaires ont également délaissé le Mont, emportant avec elles leurs canons.
En 1793, les habitants ont rebaptisé le Mont-Saint-Michel en Mont-Libre, reflétant l’esprit d’indépendance de l’époque. Ils ont pris la responsabilité de surveiller le rocher, accueillant les premiers détenus. Sous l’Empire, le monastère a été transformé en « Maison de Force », un pénitencier qui abritait des condamnés. Leurs familles étaient installées au village et les gardiens vivaient dans un nouvel édifice construit à cette fin.
Ce régime carcéral a duré jusqu’aux décrets impériaux du 28 et 30 octobre 1863, qui ont ordonné la fermeture de la maison d’arrêt du mont Saint-Michel. Cette décision a ouvert la voie à un renouveau du site, avec la fin de l’usage du Mont comme prison, marquant ainsi une transition vers différentes utilisations et un changement significatif dans l’histoire du Mont-Saint-Michel.
L'avènement du tourisme
Le 30 décembre 1864, le dernier prisonnier quitte le Mont Saint-Michel. Cet événement marque le déclenchement de la réouverture du pèlerinage le 12 juillet 1865 et amorce l’essor du tourisme sur le site. En 1879, une digue-route est construite pour relier le village au continent, facilitant ainsi l’accès aux visiteurs.
En 1901, le tourisme prend une nouvelle dimension avec l’arrivée des rails du tramway connectant Pontorson au mont Saint-Michel. Dès 1910, le mont accueille 100 000 touristes, signalant le début de la Belle Époque, une période de prospérité durant laquelle le Mont Saint-Michel devient le monument le plus reconnu de France.
Dans les années 1930, l’État rachète certaines bâtisses situées sur la partie haute du bourg et les démolit pour dégager les abords de l’abbaye, transformant ces espaces en jardins. Durant la Seconde Guerre mondiale, une garnison allemande occupe le mont Saint-Michel, envisageant d’y installer un canon antiaérien dans la cour de l’école. Cette idée fait l’objet d’un refus catégorique de la part des habitants. Le Mont est finalement libéré en août.
Après le conflit, le tramway disparaît et est remplacé par les automobiles. Des parkings sont aménagés sur la digue pour répondre à la montée en puissance du tourisme. En 1960, le Mont Saint-Michel accueille 300 000 visiteurs, confirmant son statut de destination touristique majeure.
Le village du Mont Saint-Michel, avec ses ruelles pavées et ses bâtisses historiques, continue de fasciner les visiteurs du monde entier. En parcourant ce lieu, on ne peut qu’être admiratif devant la résilience et l’adaptabilité de cette petite commune, qui a su traverser les âges en préservant son riche héritage culturel et historique. Visiter le Mont Saint-Michel, c’est marcher dans les pas des pèlerins, des chevaliers, des prisonniers et des millions de touristes qui ont façonné l’histoire de ce site exceptionnel.